D’après le Programme des Nations Unies pour le Développement, près de 70% des actions pour le climat doivent être menées à l’échelle locale, au plus près des citoyens. C’est par ailleurs au niveau local que les effets de l’inaction se matérialisent, souvent de manière dramatique, avec des coûts associés considérables. Malgré une reconnaissance et une légitimité qui se renforce sur la scène internationale, les collectivités locales disposent pourtant aujourd’hui d’une marge de manœuvre trop limitée pour engager efficacement le processus de transition énergétique et climatique.
Dans une étude réalisée récemment pour le compte de l’AFD, I Care & Consult a identifié un ensemble de facteurs pouvant contribuer au succès d’une démarche de transition énergétique et climatique à l’échelle locale. Parmi ces facteurs, deux apparaissent particulièrement critiques : la définition de modes de gouvernance adaptés et l’identification et la mobilisation des sources de financement.
Sur le premier aspect, les objectifs (énergétiques, climatiques) fixés au niveau des gouvernements doivent être déclinés de manière plus précise à l’échelon territorial, dans le cadre d’un dialogue entre l’Etat et les autorités locales (premier niveau de gouvernance à instaurer). Par ailleurs, un dialogue local avec les différentes parties prenantes d’une démarche climat doit être engagé, orchestré par la collectivité (deuxième niveau de gouvernance) ; la mobilisation d’outils stabilisés permettant un suivi et une évaluation à long terme et « donnant à voir » les résultats de la politique menée, constitue une clé de succès. Une étude réalisée récemment par I Care & Consult pour le compte de l’ADEME a confirmé le foisonnement des initiatives (planification énergétique et climatique, évaluation des émissions de GES à l’échelle d’un territoire) et le besoin d’harmonisation de ces démarches au niveau international.
En parallèle, les modalités de mise à disposition de financements (en particulier internationaux) doivent être facilitées. La difficulté pour les collectivités d’accéder de manière directe aux mécanismes d’aide au climat à l’échelle internationale (« parcours de financement » longs et complexes), constitue un verrou critique de la transition énergétique et climatique. A titre d’illustration, 10% seulement des projets MDP ont été enregistrés par des villes ; pourtant la mise en œuvre de la transition se concrétise par des projets locaux, pour lesquels l’autorité locale joue bien souvent un rôle majeur. Cette simplification (subvention ou prêts) devra être accompagnée de dispositifs de renforcement de capacités mais aussi de mécanismes de contrôle en matière de moyens et de résultats.
Au final, mentionnées pour la fois première fois dans un texte officiel à Cancun en 2010, les collectivités font partie de « l’Agenda des Solutions de la COP21 » aux côtés des entreprises privées et de la société civile (« acteurs non étatiques »). La Conférence de Paris (COP21) doit désormais renforcer et entériner leur rôle dans la transition et leur contribution à l’objectif de contenir la hausse globale des températures en deçà de +2°.
Derrière ces considérations se matérialise le défi de la transition énergétique et climatique pour les pays les moins avancés et émergents : remplacer un système avec des coûts opérationnels et un niveau de dépendance extérieure élevés par un système davantage fondé sur des investissements locaux (efficacité énergétique, énergies renouvelables) et un coût opérationnel maîtrisé par les acteurs du territoire.