Analyse du traitement des enjeux environnementaux par une sélection d’investisseurs institutionnels

Analyse du traitement des enjeux environnementaux par une sélection d’investisseurs institutionnels

Les impacts des facteurs ESG-Climat sur les décisions d’investissement soulèvent des questions de plus en plus matérielles et aigües pour les investisseurs institutionnels. Les régulateurs accroissent leur pression en faveur d’une plus grande transparence dans la production d’informations publiques, de mesure de risques et d’indicateurs d’impacts. L’analyse des informations publiées par un panel de trois catégories d’investisseurs institutionnels en Europe, met en évidence :

  • Une grande convergence dans la qualité de l’appropriation des enjeux par leur gouvernance;
  • Une plus grande hétérogénéité dans la mobilisation des différentes familles d’outils et d‘indicateurs disponibles. Celle-ci ne fait pas apparaître de retard chez les acteurs français, bien au contraire.

Pour analyser la première vague des rapports annuels des institutions financières conformes aux exigences de l’article 173-VI de la loi de transition énergétique pour la croissance verte, il nous a semblé pertinent d’adopter une démarche qui ne cherche ni la représentativité statistique, ni l’exhaustivité des informations publiées et, encore moins, à définir un « benchmark », reposant sur des moyennes, souvent réductrices et agrégeant des catégories d’acteurs hétérogènes dans leurs horizons d’investissement et leurs modes de gestion financière.

Nous avons souhaité concentrer l’analyse des informations produites par des institutions « propriétaires » de leurs actifs qui, de par leur responsabilité fiduciaire et leur engagement historique sur ces questions environnementales et, en particulier, celles liées au climat, cherchent à se positionner comme des acteurs particulièrement engagés et exemplaires. Ce choix, dont nous assumons la part de subjectivité nous a conduit à retenir dans le panel des entreprises analysées, six entreprises d’assurance (de taille importante pour l’essentiel), six institutions publiques ou groupes mutualistes. Ces deux premières catégories d’acteurs sont caractéristiques du marché de l’épargne longue en France. Il nous a paru, enfin, utile de compléter cet univers d’analyse avec un panel de quatre fonds de pension renommés du nord de l’Europe, (Pays-Bas et Scandinavie) afin d’introduire une forme de comparaison européenne.

Dans le même esprit, nous avons aussi choisi de concentrer les analyses des rapports annuels sur trois aspects, de notre point de vue, aujourd’hui importants dans l’analyse du positionnement des acteurs sur ces questions en évolution rapide :

  1. Le niveau d’appropriation de ces sujets par la gouvernance
  2. Les modes d’évaluation des impacts réciproques du climat et des actifs gérés
  3. Quelques bonnes pratiques dont la diffusion serait utile.

Les résultats de ces analyses sont présentées dans l’étude jointe. En synthèse, le graphe ci-dessus positionne chacune des trois catégories d’acteurs par rapport à ces sept familles d’outils. Il fait apparaître que les institutions publiques et mutualistes sont les plus diversifiées en la matière. Cela s’explique sans doute par les spécificités de leur gouvernance (rôle des pouvoirs publics et des partenaires sociaux). Les assureurs sont en mouvement mais en phase de construction de leurs outils. Les fonds de pension du nord de l’Europe sont aujourd’hui très polarisés sur les outils performance carbone et part verte et, absents, au moins dans leur communication, des métriques sur les impacts financiers du climat. Ils mettent, par contre, beaucoup l’accent sur les indicateurs d’impact environnementaux.

L’absence de comparabilité des données figurant dans les rapports annuels ne permet pas de fournir de chiffres mais la lecture de ces derniers montre clairement que l’analyse des impacts climatiques se concentre aujourd’hui pour une majorité d’acteurs sur les actifs d’entreprises (obligations et actions) et se développe sur les taux souverains. Relativement, peu d’informations sont communiquées par contre, sur les actifs non cotés ou les infrastructures, ce qui est un paradoxe, compte-tenu de l’horizon d’investissement, naturellement long, de ces actifs

Ces analyses, à dessein qualitatives et non représentatives d’une catégorie entière d’intermédiaires financiers, mettent en évidence la pluralité des métriques et outils effectivement mobilisés par des acteurs a priori déjà fortement engagés face aux enjeux de la transition environnementale. Elles confirment aussi que les thématiques liées, en particulier, à l’évaluation financière des risques de transition pesant sur les portefeuilles d’actifs méritent plus d’attention de la part de toutes les catégories d’acteurs. Au moment où le One Planet Summit parisien s’achève, elles soulignent, enfin, qu’il existe un socle solide d’institutions françaises particulièrement impliquées et en mouvement. Elles ont vocation à entraîner le reste du marché.

Pour en savoir plus, notre Etude Investisseurs climat ci-jointe Etude investisseurs-climat-VF

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