Olivier David Zerbib, doctorant en finance environnementale, vient de publier un article sur l’effet des préférences pro-environnementales des investisseurs sur les prix du marché obligataire dans le Journal of Banking and Finance (*). Ci-dessous, une synthèse des principales conclusions de l’article.
Une littérature académique, notamment dans le champ de la finance comportementale, a mis en évidence le fait que les motivations non-pécuniaires de certains investisseurs, qu’elles soient pro-sociales ou pro-environnementales, induisent un accroissement significatif des investissements financiers vers les actifs et les fonds durables. Pour autant, l’impact des motivations non-pécuniaires sur le prix des actifs est encore peu documenté. La difficulté vient de la complexe identification de cet effet parmi des actifs (actions ou obligations) dont les caractéristiques diffèrent.
Pour y remédier, l’article se concentre sur le marché des obligations, en utilisant les obligations vertes comme instrument afin de comparer leur valorisation à celle d’obligations conventionnelles contrefactuelles. A travers une méthode d’appariement et une procédure de régression en deux étapes, l’article isole une prime de rendement verte correspondant à l’impact des préférences pro-environnementales des investisseurs. Estimée entre 2012 et 2017, cette prime verte de -2 points de base sur le rendement des obligations vertes par rapport aux conventionnelles correspond au rendement auquel les investisseurs sont prêts à renoncer pour investir dans des projets verts.
L’article souligne que ce résultat met en évidence le faible impact des préférences pro-environnementales des investisseurs sur les prix du marché obligataire et suggère que la différence de rendement entre des obligations conventionnelles d’entreprises ayant un impact environnemental différent est dû en priorité à une différence de perception du risque financier qu’à l’impact des motivations non-pécuniaires. L’article précise enfin que cette faible prime verte, en l’état,
- ne devrait pas constituer d’obstacle pour les investisseurs à soutenir le marché des obligations vertes en expansion ;
- pour les autorités de supervision, ne reflète pas de distorsion dans la microstructure des prix des obligations vertes par rapport aux obligations conventionnelles ;
- pour les émetteurs, en dépit du faible impact sur les prix, illustre l’appétit des investisseurs et suggère que les obligations vertes offrent l’opportunité d’élargir leur base de créancier par rapport aux obligations conventionnelles.
(*) Zerbib, O.D., The effect of pro-environmental preferences on bond prices: Evidence from green bonds, Journal of Banking and Finance, 98:39-60, 2019