Rapport spécial du GIEC : 0,5°C de moins ça change tout

Rapport spécial du GIEC : 0,5°C de moins ça change tout

L’Accord de Paris, issu de la COP21, prévoit de limiter le réchauffement climatique « nettement » en dessous de 2°C par rapport aux niveaux préindustriels et de poursuivre l’action menée pour limiter l’élévation des températures à 1,5°C par rapport aux niveaux préindustriels. Dans ce cadre, les Etats ont commandé un rapport spécial sur les conséquences d’un réchauffement planétaire de +1,5°C. Le groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), a présenté lundi 8 octobre son rapport spécial ; le résumé à l’intention des décideurs a été validé lors d’une plénière à Incheon en Corée du Sud.

Le rapport met en exergue un certain nombre de conséquences des changements climatiques qui pourraient être limitées si le réchauffement était plafonné à 1,5°C, et non à 2°C. Par exemple, avec un réchauffement de 1,5°C, la disparition des récifs coraliens serait limitée à 70-90% au lieu d’un anéantissement quasi-totale (>99%) avec un réchauffement de 2°C, la disparition du nombre d’espèces de vertébrés et de plantes ainsi que la perte des rendements agricoles et de la pêche seraient divisés par 2, la fréquence des évènements extrêmes ainsi que le risque de destruction irréversible d’écosystèmes seraient limités. De manière générale, les conséquences d’un réchauffement d’1,5°C restent importantes mais leurs moindres amplitudes donneraient une plus grande chance aux écosystèmes et aux populations de s’adapter.

Le rapport indique que les conséquences d’un réchauffement planétaire de 1°C sont déjà bien réelles, comme en témoigne le rétrécissement de la banquise, l’élévation du niveau des mers et l’augmentation de la fréquence des évènements extrêmes ; et que si rien n’est fait pour diminuer les émissions de gaz à effet de serre (GES), la température pourrait augmenter jusqu’à +5,5°C d’ici à 2100. Il met également en garde sur le coût économique élevé de l’inaction et sur la lourdeur de la charge pour les générations futures. Il rappelle enfin que ce réchauffement devrait augmenter les problèmes sanitaires (augmentation de l’insécurité alimentaire et des maladies), le déplacement des populations et le risque de conflits.

Selon les experts du GIEC, limiter l’augmentation de la température à 1,5°C est encore physiquement possible, mais il faudrait pour cela modifier « très rapidement » et « profondément » les systèmes sur lesquelles reposent les société actuelles (systèmes énergétiques, systèmes de transports, systèmes agricoles, systèmes urbains). Les émissions mondiales nettes de dioxyde de carbone (CO2) d’origine anthropique devraient être réduites d’environ 45 % par rapport aux niveaux de 2010 d’ici à 2030, et il faudrait atteindre un « bilan nul » des émissions aux alentours de 2050, ce qui signifie que les émissions résiduelles devraient être compensées en séquestrant du CO2 atmosphérique.

Nicolas Hulot a fait inscrire l’objectif de neutralité carbone dès 2050 dans le Plan Climat et la France a engagé la révision de sa stratégie nationale bas carbone (SNBC). Si ce nouvel objectif est en phase avec les recommandations du GIEC, il est malheureusement loin d’être sécurisé. La France a vu ses émissions diminuer entre 1990 et aujourd’hui mais c’est principalement dû à sa désindustrialisation et à la crise, elles repartent d’ailleurs à la hausse en 2016. Depuis la publication de la SNBC, la France est déjà en retard par rapport à ces ambitions de réduction d’émissions GES[1]. Comme le suggère le rapport du GIEC, l’atteinte de ces objectifs est conditionnée par un changement profond et rapide du système et non par une politique des petits pas.

Les entreprises, acteurs clés dans la lutte contre le changement climatique ont besoin de lignes directrices propres à leur secteur d’activité pour s’engager dans la décarbonisation de l’économie et contribuer à maintenir le réchauffement à 1,5°C. Les initiatives récentes Science-based Targets (SBT) et Sectoral Decarbonization Approach (SDA) apportent de nouvelles méthodes pour aller plus loin que le Bilan Carbone® : I Care & Consult, expert SBT, accompagne la définition des stratégies et leur mise en œuvre.

[1] http://urlz.fr/7YGO

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