Selon le Haut Conseil pour le Climat, le rythme de baisse annuelle des émissions de GES de la France doit tripler d’ici 2025

Selon le Haut Conseil pour le Climat, le rythme de baisse annuelle des émissions de GES de la France doit tripler d’ici 2025

Le 1er rapport du Haut Conseil pour le Climat vient de paraître mercredi dernier, voici quelques enseignements :

  • « La France est en retard sur ses objectifs en matière de climat.
    • Le « budget carbone 2015-2018 » n’a pas été respecté, il a été dépassé de 62 MtCO2e. La baisse annuelle des émissions de 1,1% sur cette période est presque deux fois moins que prévu.
    • Ce rythme devra tripler d’ici 2025 pour respecter les engagements et rattraper le retard accumulé. »
  • L’objectif de neutralité carbone en 2050 est cohérent avec l’accord de paris mais ne couvre pas l’entière responsabilité de la France. En effet, deux types d’émissions imputables à la France ne sont pas intégrées :
    • Les émissions liées aux liaisons de transports internationales. Elles représentent 23 MtCO2e en 2017.
  • Les émissions liées aux importations.
    • Les émissions nettes importées représentent 271 MtCO2e, ce qui équivaut à 60% des émissions nationales en 2015. Elles portent l’empreinte carbone de la France à 731 MtCO2e.

Le Haut Conseil émet 7 recommandations :

  1. Connaître et intégrer l’impact des lois et des grands projets sur les émissions de gaz à effet de serre
  2. Utiliser plus vigoureusement les instruments des politiques climatiques : taxes, quotas, normes, subventions
  3. Agir en profondeur en menant des réformes structurelles dans tous les secteurs (transports, énergie, bâtiment, agriculture, et aussi éducation/formation)
  4. Aller vers transition juste, avec une juste répartition dans les efforts demandés et opportunités offertes entre les ménages, entreprises et l’Etat
  5. Soutenir l’ambition climatique dans les régions et métropoles mais aussi verdir les politiques européennes
  6. Evaluer, ajuster et répliquer les politiques, mesures et investissements
  7. Inscrire les budgets carbone dans la loi, en rajoutant les transports internationaux et en agissant mieux pour maîtrise l’empreinte carbone (et donc les « émissions importées »[1])

Le Haut Conseil pour le Climat a publié ce rapport très riche d’enseignements dans un temps contraint, il prévoit déjà d’élargir l’étude et de pousser plus loin ses analyses sur les politiques menées par rapport aux objectifs climatiques sur plusieurs aspects :

  • La séquestration du carbone dans la biomasse et dans les sols. Ce sujet est complexe à traiter car il touche au vivant et à des phénomènes complexes eux-mêmes en interaction avec le changement climatique. Bien que les connaissances avancent, d’autres sont nécessaires, notamment pour diminuer les incertitudes, et aider à l’élaboration de politiques plus précises.
  • L’adaptation au changement climatique. Si les connaissances manquent également sur le sujet, des politiques d’adaptation plus fortes sont attendues.
  • La mise en cohérence des politiques nationales et territoriales, et des politiques environnementales (biodiversité, économie circulaire, …) entre elles. De nombreux progrès sont réalisables : des freins existent et doivent être levés, des synergies, peuvent être utilisées.
  • Les changements nécessaires pour la réalisation de l’objectif doivent être profonds, structurels et touchent également à l’urbanisme, l’éducation, … L’étude de la considération du climat dans les politiques touchant à ces secteurs est complexe et doit pourtant être menée. Elle requiert de nouveaux indicateurs.
  • L’empreinte carbone totale de la France doit être considérée. La question des traités internationaux doit aussi l’être traitée.

Le rapport complet est disponible sur : https://www.hautconseilclimat.fr/rapport-2019/

 

[1] https://reseauactionclimat.org/wp-content/uploads/2017/04/Les-e%CC%81missions-importe%CC%81es-le-passager-clandestin-du-commerce-mondial-.pdf

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