L’initiative SBT (Science Based Targets) est issue d’un partenariat international créé en 2015 entre le Fonds mondial pour la nature (WWF), le Pacte mondial des Nations unies, le World Resources Institute (WRI), et le Carbon Disclosure Project (CDP). Son objectif est de fournir un cadre commun aux entreprises pour leur permettre de se fixer des trajectoires de réduction des émissions de GES compatible avec l’Accord de Paris, c’est-à-dire limiter le réchauffement climatique à un niveau bien inférieur à 2°C par rapport aux niveaux préindustriels.
Fin 2021, la SBTi publiait la première version de son Standard Corporate Net Zero (CNZS). En mars 2025, une refonte du Standard (version 2.0) été soumis à consultation publique. Cette mise à jour a pour but d’aligner le CNZS aux dernières avancées scientifiques et réglementaires pour renforcer la crédibilité des engagements climatiques des entreprises. En combinant les réponses à cette consultation aux retours des différents groupes de travail, l’initiative SBT entend faire participer un grand nombre d’acteurs, et ambitionne de livrer le standard le plus ambitieux et concret possible.
I Care by BearingPoint a répondu à cette consultation publique. Le présent article possède un triple objectif :
- Revenir sur les modifications qui semblent les plus judicieuses de la version 2.0
- Partager les axes d’amélioration partagés par I Care by BearingPoint à la SBTi dans le cadre de la consultation
- Présenter la pertinence de l’expertise du cabinet au regard des attendus de la SBTi
1) Des ajustements méthodologiques bienvenus …
Les modifications proposées par la SBTi améliorent la crédibilité du standard en renforçant certaines exigences. I Care by BearingPoint soutient notamment les suivantes :
- Une couverture plus rationnelle des émissions à inclure dans le périmètre du Scope 3.
La version 1.2 requérait une couverture minimale de 67 % des émissions du Scope 3 pour les objectifs à court terme et de 90 % pour les objectifs à long terme. Cela pouvait conduire à la formulation d’objectifs flous et à l’exclusion de sources d’émissions importantes.
Pour s’assurer de l’efficacité des objectifs fixés sur les émissions Scope 3, la version 2.0 propose une approche plus ciblée, garantissant l’intégration des activités les plus émettrices de la chaîne de valeur de l’entreprise, ainsi que celles sur lesquelles elles ont le plus.
- L’obligation pour les entreprises de publier un plan de transition dans les 12 mois suivants la validation de leurs objectifs par la SBTi, afin d’éviter un fossé trop important entre les engagements pris et les moyens effectivement mis en œuvre.
- Une standardisation du processus d’évaluation de l’atteinte des objectifs pour renforcer la cohérence du suivi sur plusieurs années d’une entreprise, et permettre une meilleure comparabilité inter-entreprises.
- L’obligation de différencier les objectifs portants sur les émissions Scope 1 et Scope 2.
- L’obligation de distinguer deux types d’objectifs sur les émissions Scope 2, location-based ET market-based ou électricité zéro-carbone (incluant le nucléaire). Cette proposition provient des constats de la littérature scientifique quant à l’utilisation de certificats d’énergie renouvelable (REC) et de certificats de garantie d’origine (GO) non groupés qui ne parviennent souvent pas à stimuler le déploiement des énergies renouvelables nuisant à la crédibilité et à l’efficacité de la fixation d’objectifs uniquement market-based.
- La modulation des exigences selon une catégorisation A/B des entreprises, basée sur leur taille et leur implantation géographique.
- Un cadre plus directif sur le fond et la forme des allégations publiques communicables par une entreprise, limitant les risques d’écoblanchiment. Ces revendications (« claims») proposées par la SBTi concernent le statut de l’engagement de l’entreprise auprès de l’initiative, le niveau d’ambition, la conformité de la candidature ou de son renouvellement, la contribution carbone hors de la chaîne de valeur ou le progrès à la cible.
2) … quand d’autres mériteraient d’être complétés
A. Développer un référentiel spécifique pour les acteurs proposant des solutions à la transition vers une société bas-carbone
La spécificité des acteurs dits enablers qui jouent un rôle d’accélérateur de la transition en proposant des solutions bas-carbone, n’est pas encore intégrée dans le standard. Ces enablers peuvent être positionnés sur des segments d’activités en croissance, dont l’objectif est de permettre la transition vers une économie décarbonée. Bien qu’il soit essentiel d’éviter l’effet rebond qui pourrait en être la conséquence, il est primordial de pousser les entreprises à orienter leurs modèles d’affaire vers des activités contribuant à la transition bas-carbone de la société. Pourtant, pour ces acteurs, l’équation semble insoluble : se conformer aux exigences des objectifs court-terme et long-terme du standard CNZS, tout en continuant à développer des activités accélérant le déploiement de solutions bas-carbone.
La vision « entreprise » de SBTi ne semble pas permettre à ce jour de capter la contribution d’une entreprise au sein de son marché. Autrement dit, si une entreprise se développe en proposant une solution bas carbone dans un marché stable ou en baisse, elle ne répondra pas aux exigences de la SBTi en raison de la croissance de ses émissions induites, même si elle contribue à réduire les émissions du marché dans lequel elle opère.
B. Intégrer les émissions évitées par les produits et services d’une entreprise dans le cadre des BVCM (Beyond Value Chain Mitigation), ou définir une claim dédiée
Pour approfondir le point précédent, les émissions évitées constituent un indicateur pertinent d’évaluation de la contribution bas-carbone d’un enabler dans son marché. I Care by BearingPoint propose donc de les valoriser dans le cadre de l’approche BVCM ou via une nouvelle claim.
Des cadres méthodologiques existent pour cadrer et évaluer ces émissions évitées à différents niveaux :
- I Care by BearingPoint propose de se référer à la Guidance on Avoided Emissions publiée par le WBCSD (World Business Council for Sustainable Development) en tant que guide méthodologique au même titre que le GHG Protocol pour les émissions induites.
- I Care by BearingPoint a co-développé avec Quantis et un large écosystème d’acteurs l’Avoided Emission Platform (AEP) précisément pour répondre au besoin de quantification robuste et comparable des émissions évitées. L’application opérationnelle du guide du WBCSD via la définition de scénarios de référence sectoriels permet de garder un haut niveau d’ambition et de garantir l’homogénéité inter-entreprises de l’évaluation des émissions évitées au même titre que les SDA (Sectoral Decarbonization Approach) proposés par la SBTi pour les émissions induites.
C. Détailler davantage les exigences autour du plan de transition
Le CNZS 2.0 propose que les entreprises communiquent publiquement sur un plan de transition dans les 12 mois suivants la validation de leurs objectifs par la SBTi. La SBTi se réfère aux guides existants mais il semble opportun de lister les éléments minimaux à fournir pour que ce plan soit considéré comme sérieux. S’assurer que les entreprises se dotent de plans de transition robustes est en effet crucial pour que ces dernières intègrent la transition au cœur d’une stratégie globale. L’objectif est de les inciter à entamer des réflexions autour de leur business model à moyen/long-terme, et d’éviter qu’elles ne se restreignent à une vision court-terme consistant à multiplier les actions de réduction à impact faible ou modéré. Comme détaillé dans le Disclosure Framework du UK Transition Plan Taskforce (TPT) ou par la méthodologie Accelerate Climate Transition (ACT) de l’ADEME, la matérialisation d’une ambition forte dans un plan de transition crédible nécessite notamment d’avoir articulé des actions concrètes à des indicateurs précis satisfaisant une vision long-terme alignée aux ambitions climatiques de l’entreprise, et d’avoir fait la démonstration de l’engagement sans équivoque des organes de direction.
D. Renforcer l’intégration des spécificités locales des entreprises
Si la modulation des exigences par la catégorisation A/B des entreprises est un premier pas pour permettre d’intégrer leurs réalités locales, I Care by BearingPoint suggère d’aller un cran plus loin en intégrant l’alignement aux objectifs sectoriels nationaux ambitieux aux options de développement de cibles de réduction (alignement à la Stratégie Nationale Bas Carbone pour le contexte France).
Il semble également important que la SBTi se positionne sur la façon de projeter des émissions induites afin d’éviter toute hétérogénéité entre entreprises notamment quant à la valorisation des trajectoires sectorielles locales de type Stated Policies Scenario (STEPS) développées par l’AIE.
3) A propos d’I Care by BearingPoint
La SBTi est en cours de définition d’une feuille de route permettant d’assurer une transition en douceur vers le CNZS 2.0 depuis les éléments existants (version 1.2 du CNZS et version 5.2 du Near-Term Criteria). I Care by BearingPoint, a accompagné des dizaines d’entreprises dans la soumission ou le renouvellement de leurs objectifs sur la base du CNZS 1.2. Cette expérience du standard et la participation à la consultation publique permettent au cabinet de naviguer aisément entre les deux versions.
I Care by BearingPoint dispose de l’ensemble des compétences pour accompagner les entreprises dans la construction d’une stratégie climat robuste et leur soumission d’un dossier à la SBTi.
Au-delà de cet accompagnement étendu proposé aux entreprises, le cabinet se positionne en développeur de méthodologies. Son objectif est d’apporter les bons outils permettant de répondre aux problématiques des acteurs (entreprises privées, organismes publiques et acteurs financiers) en limitant l’hétérogénéité des évaluations d’impact environnemental et en renforçant la robustesse scientifique et l’objectivité des méthodes et pratiques de place. A ce titre et pour ce qui est de l’impact carbone, I Care by BearingPoint a récemment développé l’AEP (Avoided Emissions Platform) et le CCCI (Corporate Climate Contribution Index).