I Care by BearingPoint a récemment mis en cohérence ses différentes approches d’empreinte biodiversité aux différentes échelles (site, produit, entreprise) pour mettre à disposition de ses clients une méthode unique multi-échelles : Biodiversity Footprint Suite (BFSuite).
Pourquoi une mise à jour de nos méthodes d’empreinte biodiversité ?
I Care by BearingPoint développe depuis 2017 des méthodes d’empreinte biodiversité à différentes échelles pour les entreprises, et ce en collaboration avec plusieurs clients dans différents secteurs (L’Oréal et EDF notamment). I Care by BearingPoint collabore aussi à la méthode développée par Iceberg Data Lab (Corporate Biodiversity Footprint)¹ qui est à destination des acteurs financiers.
Biodiversity Footprint Suite est née de la volonté d’assurer la cohérence entre les approches proposées à différentes échelles et ainsi pouvoir agréger ou désagréger au besoin les signaux. Par ailleurs, d’autres travaux de développement sont en cours pour continuer d’améliorer la méthode. Le projet BFAT (Biodiversity Footprinting for Agricultural Transition)², mené conjointement avec CDC Biodiversité, vise à améliorer la caractérisation des effets bénéfiques des pratiques agroécologiques dans la quantification des impacts sur la biodiversité de l’agriculture. Le projet océan (Platform for Ocean Footprinting), en cours de montage, vise à étendre au milieu marin les méthodes quantitatives de mesure d’impact sur la biodiversité.
Pourquoi mesurer une empreinte biodiversité ?
C’est un fait : la biodiversité est en danger, et cela se répercute sur l’économie³. Comme un navigateur a besoin d’une carte pour définir son cap, les entreprises, acteurs financiers, Etats et collectivités ont besoin de comprendre et documenter leurs contributions respectives à cette érosion du vivant afin d’agir là où cela est nécessaire. L’impact environnemental des activités humaines (produits, services et organisations) peut être évalué à l’aide de l’Analyse de Cycle de Vie (ACV) : il s’agit d’analyser sur l’ensemble du cycle de vie d’un produit ou d’une activité l’impact sur l’environnement via plusieurs indicateurs. Cependant, ces méthodes imparfaites sont aveugles à plusieurs enjeux spécifiques à la biodiversité (qualité des sols exploités, effets des pollutions sur les espèces, etc.).
Plusieurs initiatives proposent aux organisations des approches pour comprendre leurs impacts sur la nature, qu’elles soient réglementaires (comme la CSRD et l’ESRS4 notamment) ou volontaires (SBTN ou TNFD). Ces approches incitent les organisations à identifier leur contribution aux différentes pressions sur la nature. Réaliser une empreinte biodiversité permet de répondre de manière quantitative à cette incitation, en objectivant les pressions majoritaires et les « hotspot » parmi les étapes du cycle de vie du système étudié, donc hiérarchiser les impacts et, in fine, identifier les actions à mettre en place en priorité.
Les spécificités de la méthode BFSuite
La méthode BFSuite a été développée par I Care, avec le soutien de ses partenaires, alliant les forces des méthodes ACV et modèles d’évolution de l’état de la biodiversité comme GLOBIO⁴ . BFSuite permet de couvrir la majorité des facteurs de perte de biodiversité identifiés par l’IPBES, à savoir : (a) changement climatique, (b) stress hydrique, (c) pollutions couvrant l’acidification des terres et de l’eau douce, l’écotoxicité de l’eau douce, et l’eutrophisation de l’eau douce, et (d) utilisation des terres et changement d’affectation des terres avec occupation et transformation des terres.
Les pertes de biodiversité sont évaluées en MSA (Abondance Moyenne Spécifique, ou Mean Species Abondance) : il s’agit d’une des métriques permettant de caractériser la condition/intégrité des écosystèmes⁵. Un impact de -1 km².MSA.an correspond à la perte de 1 MSA (état totalement dégradé) sur 1 km² pendant 1 an. C’est équivalent à la perte de 0,1 MSA sur 1 km² pendant 10 ans, ou 0,1 MSA sur 10 km² pendant 1 an.
Un calcul d’empreinte biodiversité avec BFSuite se déroule en plusieurs étapes : (1) collecter les données de production, matières premières, etc. selon le périmètre du calcul, (2) estimer des pressions sur l’environnement ou midpoints à l’aide de bases de données complémentaires (ou de données reportées directement) et (3) calculer les impacts sur la biodiversité à l’aide des facteurs de caractérisation développés, en km².MSA.yr.
Les relations pression-impact, ou facteurs de caractérisation, s’appuient sur les analyses de l’IPBES⁶ , les relations pression-impacts de GLOBIO pour l’usage des sols, et différentes sources complémentaires par pression : modèle du GIEC pour le changement climatique⁷ ; modèle AWARE pour le stress hydrique⁸; modèle Impact World+ pour la pollution⁹. Un article scientifique est en cours de soumission pour publication dans une revue. La méthode a par ailleurs été présentée à plusieurs reprises en conférence scientifique (SETAC 2025 & LCM 2025).
A titre d’exemple, les travaux réalisés avec BFSuite ont permis de déterminer que la production d’un GWh d’électricité a une empreinte biodiversité environ 20 fois plus faible lorsqu’il est d’origine nucléaire que lorsqu’il est issu d’une centrale à charbon, notamment à cause de la forte contribution de la pression changement climatique lors de la combustion du charbon.
Quel que soit votre besoin, notre équipe met à disposition une méthodologie innovante pour réaliser des empreintes biodiversité adaptées aux enjeux de chaque organisation. N’hésitez pas à nous contacter pour en savoir plus.
Sources :
¹ Biodiversity – Iceberg Data Lab
³ IPBES, Global Assessment Report on Biodiversity and Ecosystem Services of the Intergovernmental Science-Policy Platform on Biodiversity and Ecosystem Services (Zenodo, 2019), https://doi.org/10.5281/zenodo.6417333.
⁵ ALIGN, Recommendations for a Standard on Corporate Biodiversity Measurement and Valuation (European Commission, 2022), https://ec.europa.eu/environment/biodiversity/business/assets/pdf/2022/Align_Report_301122.pdf.
⁶ Rapport de l’évaluation mondiale de la biodiversité et des services écosystémiques, IPBES, 2019
⁷ Katherine Calvin et al., IPCC, 2023: Climate Change 2023: Synthesis Report. Contribution of Working Groups I, II and III to the Sixth Assessment Report of the Intergovernmental Panel on Climate Change [Core Writing Team, H. Lee and J. Romero (Eds.)]. IPCC, Geneva, Switzerland., First, avec Hoesung Lee (Intergovernmental Panel on Climate Change (IPCC), 2023), https://doi.org/10.59327/IPCC/AR6-9789291691647.
⁸ Anne-Marie Boulay et al., « The WULCA Consensus Characterization Model for Water Scarcity Footprints: Assessing Impacts of Water Consumption Based on Available Water Remaining (AWARE) », The International Journal of Life Cycle Assessment 23, no 2 (2018): 368‑78, https://doi.org/10.1007/s11367-017-1333-8.
⁹ Cécile Bulle et al., « IMPACT World+: A Globally Regionalized Life Cycle Impact Assessment Method », The International Journal of Life Cycle Assessment 24, no 9 (2019): 1653‑74, https://doi.org/10.1007/s11367-019-01583-0.